En Isabellonie

Quand je l’ai découvrue,
elle s’était perdée.
Quand elle m’a trouvu,
j’étais un peu paumé.
Nous convînm’es en commun,
bras dessus, bras dessous,
qu’au bout d’un an et un
jour nous serions à nous.
Depuis j’ai fait mon nid
en Isabellonnie.

En Isabellonnie,
j’ai posé mes valises
je n’ serai plus honni
sur ma terre promise
en Isabellonnie
en Isabellonnie là.

J’ai gravé sur sa cuisse
de mes ongl’es mon prénom
à même sa peau lisse
remontant son jupon.
Hélas, mill’e fois hélas,
il ne s’en est fallu
que je me prénomasse
Dominiqu’e-Paul-Lulu…
pour atteindre son nid
en Isabellonnie.

En Isabellonnie
des draps sur unr peau,
j’en ai fait un pays ;
j’ai planté mon drapeau
en Isabellonnie
en Isabellonnie là.

Un’e petit’e boule brune
au petit nez frileux
a secoué les plumes
de mon coeur pousssiéreux ;
mis un peu de mordant
dans ma chienne de vie
et un peu de piment
dans mes macaronis ;
mis des draps dans le nid
en Isabellonnie.

En Isabellonnie
rèver à ce pays
n’e relèv’e pas du fantasme ;
son nom s’autodécrit
comme un vrai pléonasme :
c’est l’ Isabellonnie.

Ah ! Sous la lune… (version intégrale)

Je voudrais donc terminer par un chanson écologique, une chanson dans le vent ! (Faites toutefaois gaffe à ce que ce dernier ne soit pas en face – vous comprendrez)
Tsss ! tssss !                                                      . .

Ô bonheur formidable !
Ô joie incomparable !
Ô jouissance extrême !
Ô extase à la crème !
Ô mon Dieu que c’est bon !
Et pourtant que c’est con !
Le soir venu, sans retenue,
d’uriner sous la lune
avant d’ aller aux plumes
Oui, pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !
Ah,pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !
Ah, se laisser aller
et ne penser à rien,
c’est un peu s’envoler
en ballon aérien
et puis lorsque se crève
la montgolfièr’e de rêve,
larguer une caisse
Ah, quelle liesse !
Une caisse en contre-ut
pour convoyer la chute
Ah, pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !
Ah, pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !
Ce plaisir est rural
mais aussi citadin ;
il concerne les mâles ;
l’est aussi féminin :
Mesdames à votre balcon,
prenez la position…
Vous entendrez
au rez-de-chaussée
comme l’écho dans la nuit
des chanteurs sous la pluie :
Ah, pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !
Ah, pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !
Ah, pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !
Ah, pisser sous la lune avant d’aller aux plumes !

Pépé tu dors ?

Pépé, tu dors ? Pépé, tu dors ?
Pépé quand tu dors, on dirait un musicien…

Pépé, j’ai réfléchi :
si tu as toujours mal de partout
faut pas te faire du souci
c’est normal,
t’es vieux, c’est tout !

Pépé, tu dors ? Pépé, tu dors ?

Dis Pépé, le brochet
que tu avais péché
dans la mare
quand t’étais un gamin,
c’était pas un requin,
par hasard ?

Pépé, tu dors ? Pépé, tu dors encoreuh?

Ton premier rendez-vous
avec mémé, tu y étais allé
à bicyclette,
t’étais couvert de boue
vu qu’ tu t’étais cassé
la margoulette !

Dis Pépé, Mémé, elle a du
mettre une pince
à linge sur son pif !
Dis Pépé, Mémé, elle t’a dit
comme ça :
 » veux-tu être mon Pépé ?  »

Pépé, tu dors ? Pépé, tu dors ?

Dis Pépé, si par exemple
plus personne mourrirait,
même pas toi !
ça ferait trop de monde ensemble
si personne mourrirait
mêm’ ni toi !

Et puis, je s’rais jam…mais Pépé,
parce que je s’rai jam… toujours
enfant pour mon Papa
et puis pour ma Maman ?
Jam…toujours ? Toujours.

Dis Pépé, le brochet
que tu avais péché
dans la mare
quand t’étais un gamin,
c’était pas un requin,
par hasard ?

Pépé quand tu dors, on dirait une chanson
une chanson…
« mignonne, quand le soir descendra sur la terre
et quand le rossignol viendra chanter encore »

Soupplice

Y’é trouvé au grenier
ouné poupée en terre molle
que nous rapporta
de chez les Incas
un vieux conquérant éspagnol, Olé !

On dit que grâce à ces poupées
les Incas pouvaient torturer
un ennemi même à distance
grâce à un cheveu expérience :
y’é mis un tif sur la poupée
et y’é piqué là où y’é pense … Ahou !

Chevelous dé tout poil, tremblez !
D’emandez pardon pour vos offenses.

Au début, la torture,
y’é la pratiquais que sur Bibi,
c’était égoïste,
ça dévénait triste…
Y’é mé souis ouvert à autrui, autrui !

Comme les infirmièr’es yé pique
en faisant gaffe au nerf sciatique,
y’é mé promène avec ma loupe,
y’é cherch’e des cheveux dans la soupe
pour le soupplice du cuistot
j’ sévis en douc’e sous le manteau… Ahou !

Et y’é retouve le traiteur
le cul dans le congélateur !

P’eti’tes aiguill’es, gross’es aiguilles…
Y’a des étap’es dans ma révolte
puis c’est le briquet, l’électricité…
douze, 110, 220 volts !

Un ch’eveu trouvé dans l’autobus,
avec la plum’e dé mon gibus,
y’é chatouill’e sous les bras de ma poupée et le chauffeur fait l’e chimpanzé !

Ouné poil sous un banc d’église…
Ce sans-gêne mé scandalise ! Ahou !

J’entends dans le confessionnal :
“oh oui, Seigneur, c’est bon, j’ai mal !”

Emmerdeurs, assureurs,
y’é né fais pas dans le détail !
Ma poupée s’offusqu’e,
y’é soulèv’e ses frusques :
ses fess’es sont ouné champ de bataille !
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe !

Quand la tendress’e prend le dessus,
y’é la caresse, y’é la parfume…
Parfois y’é coll’e deux cheveux dessus
et y’é mélange un blond, un’e brune…

Y’é caline, y’é la joue Ronsard : muumm !
Et y’é pique en alternance : ahou !…

Muumm… Ahou !…

C’est ainsi que neuf mois plus tard,
j’avais tout répeuplé la France !

lalalalala…

(ça, c’était pour les subventions !)

Dans la fournaise

Je me souviens. Je me souviens…
Dans les classes primaires se trouvaient accrochés au mur une
sorte de cadre renfermant des tableaux, des gravures, prétextes à nous apprendre à nous exprimer, à construire des phrases…
Je me souviens. Je me souviens…
L’un de ces tableaux avaient pour thème : la chasse. Il y avait un de ces gibiers la-dessus !
– Il y a un chasseur avec son fusil !
– oui, bien !
– il y a un chien en arrêt devant un terrier !
– oui, très bien ! Maintenant, vous essayez de ne plus commencer vos phrases par
« il y a ».
– Je vois qu’il y a des canards sauvages !

Je me souviens Je me souviens…

Dans la fournais’e de mes souv’enirs
‘y a des patat’es pour les cochons ;
‘y a le boudin qu’on faisait cuire
lorsque l’on tuait le cochon.
Puis ces repères de l’histoire
qui grav’ent à jamais la mémoire :
on venait de saigner le porc
quand on apprit :  » De Gaulle est mort ! »
Le messager de la nouvelle
n’avait pas fait de parallèle ;
on parla du référendum
qui l’avait tué, le grand homme,
tout en débitant les côt’elettes
de l’animal, défunte bète.

Dedans la rue de mes souv’enirs
fraîch’es et nombreus’es gisent les bouses ;
Dans la prairie de mes souv’enirs
il y a la Saôn’e qui s’allongeait,
petit’e mer goulue pour venir
lécher la maison en pisé
Lors, debout face au cataclysme,
imprégné par mon catéchisme,
j’e levai l’e bras comm’e Moïse et … hop !
l’eau passait par dessus mes bottes !
La Saône, j’en rêvais la nuit
si fort que j’en mouillais mon lit..

Dans le chaudron de mes souv’enirs
‘y a de la confiture de pêche
qui clapotait à fair’e frémir
et qu’on remuait pour la lèche.
Qu’est-il devenu ce chaudron,
la fournaise et la rue des bouses ?
Et De Gaulle et le cochon ?
Sont les racin’es d’un gosse en blues.
Dans l’assiett’e creus’e de mes souv’enirs
‘y avait des yeux dans le bouillon ;
c’étaient les yeux de l’avenir
qui semblaient dire : « mange ! Couillon !
Mange si tu veux être un homme ! »
sous le béret de mes souv’enirs
Zorro est capé d’une blouse.
J’e les ai versés aux géraniums !

Le menon

Je ne possède rien, je vole
à droite, à gauche , à Pierre à Paul.
Je ne suis que poussière
fait de grains amassés ;
j’ai mal à ma matière
ce soir j’en ai assez

de n’être qu’un menon
qui gît sous un lit à refaire,
un pauvre menon sans nom
à la merci d’un courant d’air

Je n’ai rien créé, tout regorge
de droit’e, de gauch’e, de Jacque’s de Georges
Ma façon de lui plaire,
Celle d’un receleur ?
Mes « je t’aime » avaient l’air
d’être « made in » mon coeur… Je ne suis…

Rentré plus tôt de l’entrepris’e,
j’e voulais lui faire la surprise ;
j’ai attendu caché
sous le lit sa venue
et quand ell’e s’est couchée
y’ avait quelqu’un en plus ! Je ne suis…

Il lui parlait d’amour, chantait,
n’avait rien créé, inventé.
Ses « je t’aime » étaient « made
in » mon coeur crucifié,
tout tire-bouchonned
par les r’essorts du sommier.

Je ne suis qu’un menon
qui gît sous un lit à refaire,
un pauvre menon sans nom
et qui attend un courant d’air.
Je ne suis qu’un menon,
un menon fait de grains de poussières,
un pauvre menon sans nom,
j’ai mal à ma matière

Faignasserie

Appesanti dans mon fauteuil
Je travaillais à fair’e le deuil
De mon asthénie familière.
Mes ressources énergétiques
Semblaient aussi catastrophiques
Que celles de la France entière !

Quand la queue du chat me frôla les poils
Ce qui me donna cette idée géniale :

Car cette queue qui électrise,
C’est de l’énergie, en un mot,
Il suffirait qu’on la maîtrise
Pour fair’e l’effet d’un’e dynamo !

L’application est compliquée ;
Je mis ma physique appliquée
Sagement entre parenthèses
Et je m’engonçais tout entier
Là où je retrouvais mes pieds
Bien au chaud dans mes charentaises.

Quand la queue du chat d’un mouv’ement frondeur
Titilla derechef ma fibr’e de chercheur…

Cette queue qui brasse de l’air,
C’est d’e l’énergie qui se débine ;
Il faudrait qu’on la récupère
Pour fair’e tourner une turbine !

Tandis que comme deux pi-erres
Commençaient à choir mes paupières,
Je vis en rêve un’e vaste usine :
Un mond’e fait, si je ne m’abuse,
De carrés et d’hypoténuses,
De rouag’es, courroies et turbines.

Une sorte de centrale électrique :
De drôl’es d’ouvriers y bossaient à la trique.
« Au boulot, tas de fainéants ! »

Tous les matous de mon quartier
Produisaient l’électricité
Dont a besoin la France entière !
Qu’on mette les chats au turbin,
Peut-être lâcheraient-ils les humains
Lorsque ceux-ci pensent et digèrent.

Coquillage

On patouille sous la flotte
J’e suis fauché, t’es pâlotte :
Deux voiliers dans la boue
Qui rêvent de Pérou.

Alors faute de quai,
Collés comm’e des merguez,
On ferme nos quinquets,
On ouvr’e nos portugaises

Ton oreille coquillage tout contre mon oreille
On écoutera la mer, ce s’era tout comm’e, pareil.

Ecout’e cette musique
Qui vient d’e nos pavillons,
C’est du synthé acoustique
On va brev’eter l’invention.

Et on vendra notre image,
Celle de deux coquillages
Echoués en banlieue
Fauchés mais amoureux.

Ton oreille coquillage tout contre mon oreille
On écoutera la mer, ce s’era tout comm’e, pareil.

La machine à laver la vaisselle

D’epuis qu’on a la machine
à laver la vaisselle,
ma mèr’e, ma frangine
ne parlent plus entre elles !

Le progrès min’e de rien est un fameux stratège :
il ôte en quelque sorte aux femm’es un privilège
sous l’e couvert pervers de “libéralisation”
il leur supprime en fait le droit de réunion !
L’e progrès et ses machines
est l’œuvr’e de misogyne :
il crée pour foutre à l’eau
de probables complots… De fait…

D’epuis qu’on a la machine
à laver la vaisselle,
ma mèr’e, ma frangine
ne parlent plus entre elles !

Finis ses exclusifs et féminins instants
Temps, d’éducation quand, par exempl’e, profitant
de l’allégorie de la sauc’e tomat’e rebelle
les mamans abordaient le cycle menstruel !
Comment vont-elles faire ?
Et par quels travers :
les machin’es efficaces
ne laissent plus de traces… De fait…

D’epuis qu’on a la machine
à laver la vaisselle,
ma mèr’e, ma frangine
ne parlent plus entre elles !

Moments privilégiés entre verr’es et assiettes
où les mèr’es conseillaient en amour leur fillette :
ton père est ingénieur mais qu’a-t-il inventé ?!
Des propos que j’allais aussitôt répéter…
C’est pas lui qu’inventa
en guis’e de répression
mais c’est lui qui l’ach’eta
la machine en question…

D’epuis on a la machine
à laver la vaisselle
et ma mèr’e, ma frangine
ne parlent plus entre elles !

Ce jeune homme

Ce jeune a bien du talent
Qui vient nous distraire un moment.
Higelin, Renaud, Le Forestier,
San-Francisco, la maison bleue,
Ses chansons sont assez variées,
Elles passent souvent à Radio Bleue.
Vêtu de jeans comme les Vieillards
Il nous gratouille une guitare,
Une vieille électroacoustique
De notre époque, c’est sympathique.

Ce jeune a bien du talent
Qui vient nous distraire un moment.

Moi, c’était Parlez-moi d’amour Félicie… aussi !
Et encore Le temps des cerises ,
La chanson des blés d’or 
J’aimais pas tout, je trichais au mieux ;
C’était pour faire plaisir aux vieux.
Lorsque j’étais incognito,
Je poussais même un petit Tino !
Je me rends compte présentement
Que ça se voit quand on fait semblant.

Ce jeune a bien du talent
Qui vient nous distraire un moment.

Il a même un synthétiseur
Et un vieil échantillonneur
Qui date des années… quatre vingt !
Son grand-père était musicien !
Moi, j’avais un accordéon :
C’était alimentaire, Léon,
Mais j’écrivais le reste du temps
Des french songs, dirais-t-on maintenant.

Ce jeune a bien du talent
Qui vient nous distraire un moment.

San francisco, la maison bleue ,
Comme moi, c’était la java bleue
Je lui chanterais volontiers
Une autre de Le Forestier
Pour débourber la roue du temps,
Pour mes quatre vingt dix printemps :
Ma voix tremble, je suis… gâteux :
« Je veux quitter ce monde heureux… »

Merci jeune homme, vous avez bien du talent,
Vous nous avez distrait… un moment.

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑